samedi 8 février 2014

CULTIVER LE CACAO DANS DES SAVANES EST-IL BENEFIQUE POUR LES AGRICULTEURS ?

-----------CULTIVER LE CACAO DANS DES SAVANES EST-IL BENEFIQUE POUR LES AGRICULTEURS-----------

En Cote d’Ivoire le cacao se cultive dans les zones forestières au Sud, à l’Est et à l’Ouest. Cette localisation de la cacao-culture entraîne le phénomène d’exode rural, la ruée des populations active vers ces zones. La conséquence est que le Sud est plus peuplé que le Nord et Centre. En plus, on a un défrichement abusif de la  forêt. Les cultures de rente (café, cacao)  existe dans  quelques savanes arborés au Centre du pays. Les plantations dans ces zones naturellement pas favorables au binôme café cacao peuvent être développées par des systèmes d’agroforesteries testés au Cameroun par  des chercheurs du CIRAD (centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) et leurs partenaires camerounais, qui ont analysé le fonctionnement de cacaoyères, qui, avaient des rendements similaires à ceux des plantations établies en forêt. Les producteurs de ce pays ont cultivé la biodiversité pour transformer une savane en cacaoyère productive et ont installé également les cacaoyers sur des savanes dominées par une  mauvaise herbe, l’imperata (Imperata cylindrica). Comment parviennent-ils à convertir ces savanes, quelles associations et successions de cultures ont-ils mises en place pour atteindre ce résultat ?
Pour répondre à ces questions, une équipe du Cirad et de l’Irad (institut de recherche agricole pour le développement) a étudié les pratiques paysannes dans la région de Bokito, où près de la moitié des cacaoyères sont plantées sur des savanes (Juin 2013).
La première étape consiste à éliminer l’imperata, un adventice particulièrement nuisible pour les cultures. Pour ce faire, les agriculteurs sèment des palmiers à huile ou plantent des cultures annuelles où l’ombrage de ces plantes fait disparaître l’imperata car étant une herbe elle a besoin de beaucoup de soleil pour son développement (espèce héliophile).
Grâce aux palmiers à huile semés à haute densité, les agriculteurs obtiennent, en 4 à 5 ans, un couvert dense, qui empêche la repousse de l’imperata. La deuxième étape, ils réduisent ensuite le nombre des palmiers et plantent alors des cacaoyers à raison de 1 500 plants par hectare, ainsi que des arbres fruitiers comme l’oranger, le safoutier, l’avocatier et le colatier. Ils préservent ou introduisent certains arbres forestiers pour fournir l’ombrage nécessaire aux jeunes cacaoyers, mais aussi pour améliorer la fertilité des sols. Pendant 2 à 3 ans encore, ils désherbent la parcelle à la main jusqu’à ce que la cime des arbres forme un couvert continu.

L’autre méthode de lutte contre de l’imperata consiste à semer, dans les parcelles, préalablement labourées manuellement, des cultures annuelles à cycle court − arachide, courge, maïs. Au bout de 2 à 3 ans, les agriculteurs plantent les cacaoyers et, comme dans le premier cas, des arbres fruitiers et des palmiers à huile, tout en préservant certains arbres forestiers. Les cultures annuelles sont associées aux espèces ligneuses pendant encore 2 à 3 ans. Les agriculteurs gèrent ensuite leurs parcelles de manière à maintenir un ombrage propice à la croissance des cacaoyers, en éliminant certains arbres en surnombre et en remplaçant les palmiers abattus et les cacaoyers malades ou morts. Le système agroforestier atteint ainsi progressivement son équilibre et améliore la fertilité des sols (augmente sans apport d’engrais, la teneur en carbone des sols est de 2,2 % dans les plantations âgées de 10 ans, contre 1,7 % dans les savanes voisines ; elle atteint 3,1 % dans les plantations de plus de 40 ans) ; la biodiversité de ces cacaoyères de savane tend à progresser avec le temps : l’indice de Shannon-Weaver passe de 1,97 dans les plantations de moins de 10 ans à 2,26 dans celles de plus de 40 ans. Les chercheurs ont ainsi recensé, dans un échantillon de 47 cacaoyères, près de 5 000 arbres associés appartenant à 67 espèces. Ces systèmes agroforestiers permettent aux agriculteurs de restaurer les sols dégradés des savanes et de produire, sans aucun intrant et dans des conditions peu favorables à la culture du cacaoyer, autant de cacao marchand que les cacaoyères de forêt.  

Florence KPLA
Master 2 Botanique
chistyflow@hotmail.fr

3 commentaires:

  1. frenchement je ne pensais pas que c'était possible, vraiment la recherche scientifique va tjr me surprendre!

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  2. voilà une bonne info de faite. plus d'exaude rurale!

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  3. pour limiter l'avancer du désert nous pouvons transformer nos savanes en forèt avec un bon système d'irrigation

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