mercredi 26 mars 2014

Cacao ivoirien : agriculture familiale versus agro-industrie ?


Cacao ivoirien : agriculture familiale versus agro-industrie ?


Symptôme du déficit de production sur le marché mondial, les industriels du chocolat s’inquiètent pour leurs approvisionnements, mettent en place des projets, des programmes pour remonter les rendements des plantations de cacao. On observe en effet une baisse tendancielle et structurelle du cours mondial depuis 35 ans. La Côte d’Ivoire n’est pas épargnée.
« Pendant des décennies, les industriels n’éprouvent guère le besoin de s’intéresser à l’agriculture familiale pourvoyeuse des fèves de cacao » explique François Ruf, chercheur au Cirad. C’est seulement vers 1994, lorsque les grandes plantations du Brésil et de Malaisie s’effondrent, que les chocolatiers découvrent la capacité de l’agriculture familiale à résister à des bas prix. D’abord impressionnés par le boom café des exploitations familiales du Vietnam, ils tentent d’y lancer un secteur cacao mais le processus est lent. « Un boom cacao ne se décrète pas ».
Les années 2000 sont donc celles d’un intérêt croissant de l’Industrie envers les petits producteurs ivoiriens et ghanéens fournissant plus de la moitié d’un marché mondial de 4.000.000 tonnes de fèves. L’appui du secteur privé aux planteurs, à leurs plantations, à des coopératives, constitue aussi une très bonne nouvelle pour les millions de familles vivant du cacao en Afrique de l’ouest. C’est un tournant majeur pour l’agriculture familiale.
Cependant, les industriels du chocolat évoquent souvent un manque de savoir-faire de cette agriculture familiale, supposé expliquer des rendements trop faibles de petits producteurs en Côte d’Ivoire. L’agro-industrie investit donc en priorité dans la formation des paysans, avec notamment la multiplication de « champs-écoles » .

Une production en baisse constante

Pour François Ruf, « Il faut chercher les raisons de cette baisse de la production du cacao dans le changement d’environnement ». Il évoque la déforestation, le vieillissement des plantations, l’appauvrissement et l’acidification des sols, les attaques d’insectes et les maladies qui s’accentuent. La replantation de cacaoyers devenant risquée dans cet environnement dégradé, les planteurs diversifient et se reconvertissent progressivement vers des cultures supportant mieux ces nouvelles conditions, tel l’hévéa.
Ces rendements qui baissent sont aussi en cohérence avec une dégradation structurelle du marché et des prix du cacao. En dépit de la hausse de 20% du cours mondial au cours du second trimestre 2013, la baisse tendancielle et structurelle du cours mondial se poursuit depuis 35 ans et se trouve associée à une taxation restée longtemps très élevée en Côte d’ivoire.

Des stratégies adaptées ?

Les planteurs connaissent les « bonnes pratiques agricoles ». Comme la taille énergique des cacaoyers promue dans tous les projets du secteur privé mais qui peut aussi aggraver la mortalité des cacaoyers en cas de sécheresse et de nouvelles maladies. Les planteurs se méfient donc de ces techniques promues dans les champs-école et programmes de certification qui pourraient améliorer les rendements par hectare mais qui sont exigeantes en travail et porteuses de risques.
« Les petits producteurs sont aussi des consommateurs, des chefs de famille devant nourrir souvent 10 à 20 personnes. La force de travail et l’innovation passent aussi par leur sécurité alimentaire » . C’est pourquoi, de très nombreux planteurs investissent dans des rizières ou les plantations d’hévéa, et les familles n’ont plus le temps d’aller tailler les cacaoyers.

La fertilisation des cacaoyers : chimique et biologique

« C’est grâce au dynamisme de l’agriculture familiale en Côte d’Ivoire et à sa capacité d’innovation comme l’utilisation de l’engrais cacao, initiée il y a une vingtaine d’années par des planteurs baoulé (migrants du centre du pays), avec des techniques d’application inventées par eux, que le déclin du cacao a pu être évité dans la boucle du cacao du pays»,précise François Ruf.
Aujourd’hui, Les planteurs, fils de planteurs, de petits commerçants s’organisent et mettent en place des réseaux de distribution de fiente de poulets, depuis les élevages de volailles jusqu’aux plantations de cacao. En complément aux engrais chimiques, ils savent mieux que les chocolatiers que le salut de leur exploitation passe par différentes formes de fertilisation, y compris biologique. Des dépôts de fumier de poulet se mettent ainsi peu à peu en place à l’entrée des villages, en bordure de route ou piste. Les planteurs innovent aussi en commençant à récupérer du fumier de mouton, des résidus agricoles tels que le son de riz.
Et François Ruf de conclure : « les petits producteurs connaissent leur métier et leurs priorités. Ils sont même en avance sur l’agro-industrie dont ils attendent plus de soutien non pas sur la formation mais sur les prix, la fertilisation et la recapitalisation des sols, les intrants, les services, le renouvellement des vergers et donc la recapitalisation des exploitations familiales ».
Source: www.cirad.fr

2 commentaires:

  1. bonne publication de cirad, se sont des info importante pour les acteurs du monde agricole!

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